Comme expliqué en d’autres lieux, les jeux de rôle grandeur nature (GN) ayant pour cadre le XVIIIe siècle sont rares. Pourtant, par dessein ou hasard, les accros à la poudre de perruque ou de mousquet peuvent tout à fait trouver leur méthadone dans l’offre GNistique actuelle.
Jack c’pourrave
Sans doute liée au succès des films Pirates des Caraïbes, la présence du pirate en GN ces dernières années ne s’est pas faite sans quelques bavures. Le problème se pose surtout pour les GN médiévaux-fantastiques: le pirate XVIIIe standard fait souvent tache dans un univers qui ne dépasse par la Renaissance en terme de niveau technologique. Ces jeux incluant souvent de la magie ou des êtres fantastiques, on parle bien de look et d’ambiance ici, pas de réalisme, mais l’épisode de la web-série parodique GN de merde ci-dessous décrit bien le problème (à 3:03).
Les pirates sont également présents au plus grand GN du monde, Conquest of Mythodea mais ils sont intégrés dans l’univers de jeu «médiéval fantastique et plus si affinités» au look très hollywoodien. Ils y sont sobrement appelés «Marins» et bénéficient d’un campement spécifique, associé à la ville. Dans les côtés positifs, cela donne un faux bateau très sympa,
de nombreuses jeunes filles en corset
et des compagnons de taverne tout droit sortis d’un film d’aventure.
Les revers de la médaille incluent des chants battus et rebattus, et des clones cosplay de Jack Sparrow, fort justement surnommés “Jack c’pourrave” par les membres du Club Misanthropie.
Et à part les pirates?
La liberté de look intrinsèque à Mythodea permet aux fans du XVIIIe allergiques aux pirates d’essayer leurs costumes préférés et tenter des expériences de jeu différentes. Ainsi la joueuse ci-dessous a organisé une petite tea party en plein milieu d’un carrefour de la ville.
L’année précédente, mon personnage de nobliau reconverti dans le mercenariat portait deux costumes d’inspiration XVIIIe, un de jour pour les batailles (cuir et armes multiples) et un de nuit, pour des activités plus détendues,
dont des tentatives d’hommage à Barry Lyndon à l’appareil photo numérique.
Plus près de nous, le GN Pour une poignée de salopards II, dont j’ai parlé précédemment, englobait plus franchement le XVIIIe dans son époque historique fictive.
Des gardes en armure de plaque aux truands en chapeau melon, le mélange était un grand écart, mais globalement fonctionnait plutôt bien. J’ai ouï dire que le prochain se démédiévaliserait pour se concentrer sur l’interface XVIIIe-XIXe.
Les XVIIIe où on ne l’attend pas
Ce “XVIIIe comme passé plutôt que comme futur d’un univers” a joué à fond lors de L’exposition extraordinare d’Aven, le premier GN steampunk de Suisse romande. Une des originalités de ce jeu a été d’inclure plusieurs nations fictives aux looks historiques marqués mais non limités aux traditionnels haut-de-formes & crinolines. Cela permettait non seulement de typer rapidement les factions, mais donnait plus de flexibilité aux joueurs pour se costumer et m’a permi d’explorer le concept de tricorne steampunk. Plus de détails sur ce jeu et mes bricolages plus tard.
Dans un genre complètement différent, le huis clos expérimental Light in world mettait en scène des personnages de contes de fées dans notre monde actuel. En bon monomaniaque, j’ai décidé de ressortir le costume porté au Liaisons Dangereuses car il se prêtait bien à une interprétation très «Walt Disney» de la Bête. Comme quoi on peut rentabiliser un costume acheté il y a six ans tout en respectant le thème du jeu et son personnage.
Mais le record de surprise XVIIIe restera le sens de l’initiative de Marco et Shiva, deux joueurs du GN Shadowrun organisé par Le Four Fantastique en 2008. Comme tout bon univers cyberpunk, celui-ci de Shadowrun est futuriste, sombre et technologique. Même si la présence d’elfes, nains etc entraîne quelques excentricités, j’avais écrit leurs personnages sans y mettre une once de tricorne. Mais les personnage jouant des nobles elfes, ils semblerait que la noblesse ait instantanément évoqué le siècle de Louis XV. Marco avait quelques scrupules à sortir la chemise à jabot mais je l’ai rassuré en lui envoyant une illustration officielle du jeu confirmant qu’il pouvait se lâcher niveau textile.
Le mélange flingues infra-rouges, oreilles pointues et clins d’œil XVIIIe était détonnant, un des beaux cadeaux que des joueurs m’aient offert. Lausanne, 2068: la force du siècle des Lumières dans la Suisse des Ombres!
La combinaison tricornes et masques vénitiens me fait penser au nouveau jeu Carnevale :)
RépondreSupprimerLa meilleure caractérisation différencielle entre "Victorian Science Fiction" et "Steampunk" que j'aie lue : 'Women wear their corset under their dress in VSF, over it in Steampunk'.
RépondreSupprimerAvec leurs tricornes, ces dames sont donc Lacepunk :)